Notre histoire, une belle histoire…

Arélia, Association Régionale pour le Logement et l’Insertion par l’Activité économique, est le fruit d’une histoire associative lorraine de lutte contre les exclusions, datant de plus d’un siècle !

Historiquement, quatre structures constituent les racines de l’association Arélia d’aujourd’hui :
• l’association GRAND SAUVOY : anciennement Foyer du Jeune Ouvrier, créée en 1920,
• l’association ASLORAL : Association Lorraine d’Accueil des Libérés (ASLORAL), dont le but était de recevoir des sortants de prison, créée en 1956,
• l’association ALASA : Association Lorraine d’Aide aux Sans Abris (ALASA), pour les adultes à la rue, créée en 1967,
• l’association Gîte Familial : foyer d’accueil de femmes seules ou avec enfants, se retrouvant à la rue, créée en 1975.

Ces 3 dernières associations ont fusionné en 2013 pour créer l’association REGAIN 54. Puis le 1er janvier 2016, LE GRAND SAUVOY et REGAIN 54 ont à nouveau fusionné pour donner l’association ARELIA actuelle.

Depuis le début de cette belle histoire, nous poursuivons les mêmes finalités que nos fondateurs : la mise à l’abri et la protection des personnes en grandes difficulté, leur prise en charge globale, leur réintégration dans la société, le développement de leur projet de vie, leur accès à un logement, à un emploi, aux soins, à l’éducation ou à une formation, mais aussi à la culture ou au sport.

Aujourd’hui, Arélia est structurée autour de dispositifs d’Accueil-Hébergement-Insertion (AHI), de dispositifs de remise au travail (AVA et IAE) et de multiples accompagnements adaptés aux personnes.

Petit descriptif de nos racines :

LE GRAND SAUVOY

Créée en 1920, l’association est née au lendemain de la guerre 1914-1918 sous le nom du Foyer du Jeune Ouvrier.

Ce sont les dangers encourus par la jeunesse ouvrière des villes qui émurent Monseigneur De La Celle, évêque de Nancy et de Toul. Il missionna donc le Père Malquin en 1920, pour créer une structure sur le site du Grand Sauvoy.

Ce prêtre a conçu l’Association à partir d’une mission pour une couche de population, celle des jeunes ouvriers. La mission étant de loger, protéger, former, perfectionner, soigner.

L’Association n’avait pas seule vocation à créer et animer un équipement ou un foyer, mais elle devait chercher constamment à imaginer des réponses à des besoins, évolutifs par définition, puisqu’ils sont liés aux mutations sociales et économiques.

Le Père Malquin a bien perçu que notre société ne serait plus une société stable, mais qu’elle serait constamment soumise à des évolutions, des transformations, dont les effets se feraient durement sentir pour les plus vulnérables.

Depuis 1920, l’histoire de l’Association montre à l’évidence ce souci constant de remplir ses missions de base en s’adaptant en permanence aux mutations sociales et économiques. 

Plus de détail sur l’histoire du Grand Sauvoy

Un mot pour la route… à poursuivre…

De Jean-Pierre Gille, ancien président et administrateur

Pour expliquer toute histoire, il faut évoquer l’évolution de son contexte. Dans ce cas il est nécessaire d’évoquer les évolutions socio-économiques, agricoles et industrielles ayant marqué cette province tant sur le plan rural qu’urbain.

Au sortir d’une première guerre « mondiale » qui ne fut pas sans laisser de stigmates à l’ouest, au nord, mais aussi dans les Vosges, la mécanisation des équipements agricoles, cinq ans après, ont entrainé le départ des campagnes de nombres de jeunes hommes, malgré les saignées de la guerre de 14-18, en supprimant nombre d’emplois ruraux et en les exilant vers les villes.

D’où l’ouverture du Foyer du Jeune Ouvrier par son fondateur, l’Abbé Malquin. Celui-ci, rencontrant ces jeunes en situation de dénuement, s’est fait une obligation de se consacrer, en homme attentif à cette humanité, à les aider, mettant au service de cette cause non seulement son dévouement mais aussi son intelligence.

Il a fait partie de ces clercs appartenant à ce courant d’un catholicisme social se traduisant par un engagement social personnel effectif. L’une de ses références était un prêtre italien, Don Bosco, fondateur des Salésiens. D’où sa conception d’un accueil devant répondre à tous les problèmes de la vie de ces jeunes, âgés de 16-25 ans, qu’ils soient de nature asilaire, éducative, ou encore problèmes de formation, d’emploi, de culture, de santé. Le schéma d’une aide ponctuelle charitable n’était pas son projet.

Il organisa vraisemblablement le premier Foyer du Jeune Travailleur de l’agglomération nancéienne, en dépassant largement le seul souci de leur permettre de se loger et d’être nourris.

Ce fut l’aventure du Foyer du Jeune Ouvrier (FJO) jusqu’à la seconde guerre mondiale. Cette période particulière, difficilement documentée, a été marqué, en suite d’une réquisition qui ne dura qu’un an, non seulement par les restrictions de toutes natures en ce temps de guerre (dont l’alimentaire), mais aussi par la nécessité d’un accueil très diversifié. En particulier d’adultes bien moins jeunes dont les origines ont été diverses sur le plan géographique, venant même de l’étranger, mais aussi de clandestins, ce qui motiva quelques incursions allemandes.

L’association a repris, dès la Libération, ses buts initiaux en accueillant de jeunes ouvriers. Cet après-guerre n’a pas favorisé les revenus de ces jeunes au travail malgré les trente glorieuses. D’où des tensions sur l’équilibre financier du Foyer.

On entre ensuite, en fin de ces années de plein emploi, sur celles des débuts d’une mondialisation sans autre règle que la recherche d’une production au plus bas coût. Et l’on constate les fermetures des filatures dans les Vosges, et des mines dans le Pays-Haut. C’est le début d’une désindustrialisation du territoire jusqu’aux fermetures des aciéries, associée à un chômage qui fut l’un des plus élevé de France métropolitaine.

L’association du FJO du Grand Sauvoy a dû s’interroger sur ses finalités, les besoins en place de FJT se tarissant peu à peu, non seulement par diminution des candidats, mais aussi suite à l’ouverture de nombres de foyers.

Se crée alors une mixité sociale au sein même de l’établissement, à laquelle la structure même de la maison ne pouvait répondre en termes de ressources humaines. Malgré le bon vouloir et le dévouement des personnels certes vieillissants et peu nombreux (moins d’une vingtaine), ceux-ci ne pouvaient s’appuyer sur des compétences permettant un accompagnement de ce nouveau type de populations, jeunes, massivement sans formation initiale, mais aussi sans emploi. Des jeunes sans toit à leur majorité lorsque le chef de famille était lui-même sans emploi.

Persistant dans leur volonté d’accueil de ces jeunes, l’association a procédé à une augmentation de ces capacités d’accueil (environ 200 jeunes !) par construction de pavillons, cela grâce à des donations. Elle a eu de plus en plus de difficulté à trouver un équilibre financier pour son fonctionnement.

A noter qu’un Conseil de maison représentant les jeunes est mis en place. Il est encore question, dès 1964, de la création d’un accueil spécifique pour migrants. Mais, le personnel se limitant toujours à une vingtaine de personnes, l’association se doit de refuser d’accueillir de jeunes délinquants adressés par les services de justice. L’association fait valoir qu’elle ne disposait pas du personnel spécialisé nécessaire.

En 1968, le Président, constatant que le Foyer n’était pas une œuvre de charité mais une institution, déclarait que nous étions entrés « dans une ère de socialisation » constatant l’intervention croissante des pouvoirs publics dans tous les domaines et qu’ainsi « trouvent places les corps intermédiaires » dont les associations font parties, portant les besoins des personnes accueillies.

C’est à cette époque que l’Abbé Haltebourg est sollicité pour diriger le FJO du Grand Sauvoy.

En célébrant le cinquantenaire de l’institution, il présente à son Assemblée Générale un rapport mentionnant une génération de jeunes « sans famille » ni avenir social et propose que l’institution s’engage à « faire face à ces difficultés, à cette situation ». Avec l’appui constant du Conseil Général de Meurthe-et-Moselle, sera tout d’abord financé le CEDRA, un accueil pour ces jeunes « sans toit, sans famille et sans emploi » dès 1973, puis un accueil d’urgence avec maraude sur l’agglomération de Nancy.

Ce n’est que devant l’ampleur à un niveau national de cette situation que, tardivement, à la mi-décennie soixante-dix, les autorités politiques de ce pays, grâce à la clairvoyance d’un homme, René LENOIR, alors Secrétaire d’État, reconnaissent l’obligation pour la collectivité nationale, c’est à dire l’État, d’afficher les moyens d’une solidarité. Il fallait conforter la « cohésion sociale », dont l’État se reconnaissait garant.

Les services déconcentrés de l’État prendront alors le relais pour financer ces accueils sous le titre de Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS). Viendra par la suite la reconnaissance des ateliers à but social grâce à la compréhension d’un Ministre des Affaires sociales, Madame Simone Veil.
L’ensemble de ces financements, comme déjà l’avaient initialement permis ceux du Conseil Général, ont facilité l’embauche de personnels qualifiés, ce qui a représenté annuellement la moitié des dépenses budgétaires. Ce fut une époque où l’accompagnement ainsi proposé a permis aux personnes de redevenir actrice de leur devenir et d’envisager un retour vers l’emploi, si nécessaire en acquérant une expérience de travail dans les ateliers ou sur les chantiers très divers de l’association.

Soulignons la prise en charge des plus éloignés de l’emploi pour un (ré)apprentissage d’un temps de travail (qui n’a rien d’occupationnel). Ce dispositif (Centre d’Adaptation à la Vie Active), l’un des premiers à exister en métropole, a été un engagement particulier de cette institution depuis de nombreuses années, avec des résultats jugés positifs. Mais nous ignorons actuellement sous quelle forme et comment ce dispositif pourra se pérenniser.
Malheureusement en suite des crises financières au niveau international, l’évolution du marché du travail, puis les tensions sur les disponibilités en logements abordables, a rendu les possibilités de rétablir ces populations dans une autonomie en pleine dignité encore plus difficiles. L’avenir, qui reste à écrire, dira si l’État, dont les valeurs s’affichent dans sa devise républicaine, aura sanctuarisé dans ses dépenses celles d’une solidarité nécessaire à la « cohésion sociale » du peuple qu’il représente.

Dernière remarque : cette institution a su aussi diversifier ses implantations territoriales. D’abord en s’implantant dans le Toulois dans un but d’activité « industrieuse », vite complétée par une action sociale de terrain. Ensuite en Moselle, sur demande d’une association amie qui voulait céder son secteur d’insertion par le travail.

Ce positionnement demande une réflexion sur les conditions à respecter pour conserver un caractère associatif dans ces différentes implantations territoriales.

C’est ainsi qu’Arélia, en suite des histoires des associations ALASA, ASLORAL, Gîte Familial et Grand Sauvoy, pourra contribuer à cette indispensable Fraternité confortée par une Égalité vécue en Liberté.

L’ASLORAL

L’association est créée en 1956 par un groupe de notables philanthropes. Elle a pour objet le « relèvement moral et matériel » des détenus libérés de sexe masculin.

À cet effet, est ouvert en 1958 un centre d’accueil dans une maison acquise par l’association au N° 36 rue Pierre Villard à Nancy. Ce centre d’accueil assure l’hébergement collectif, le reclassement professionnel et la réinsertion sociale des anciens détenus.

L’établissement, géré par un couple, est fermé en 1989 à la suite du décès de l’un des deux.
Réouvert en 1990, une équipe éducative de 6 personnes accueille et assure la prise en charge des hommes et des femmes sortant de prison après une longue peine ou multirécidivistes.

L’hébergement en CHRS d’une capacité de 21 places est aujourd’hui assuré en structure collective et en éclaté. En octobre 2009, l’ASLORAL a ouvert également un dispositif de stabilisation de 4 places.

Aujourd’hui toujours, ce dispositif aide à combler d’importantes pertes de repères concernant la vie quotidienne : valeur de l’argent, évolutions technologiques, oubli de gestes quotidiens comme éteindre la lumière, gérer ses propres clés avec la peur constante de les perdre…

On peut ainsi limiter les ruptures à la sortie de prison, diminuer l’angoisse lors de la libération et de ses suites, engager les soins indispensables, commencer à traiter les addictions.

L’ALASA

L’éventail incomplet des structures d’accueil des personnes en difficulté de l’agglomération nancéienne conduit, dès 1964, un groupe d’hommes de conviction, animé par le colonel De Metz, président du Secours Catholique, à étudier l’opportunité de créer un foyer accueillant des hommes isolés.

L’association ALASA est ainsi créée en 1967.

La congrégation des sœurs de Saint Charles met à sa disposition en 1970, par bail emphytéotique, un terrain situé 269 Avenue de la Libération à Nancy, sur lequel est édifié en 1973 le Foyer de la Libération, Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS).

En 1978, l’association élargit son champ d’intervention aux actions d’Adaptation à la Vie Active (AVA) en ouvrant les ateliers BATI-LIB. L’ALASA employait environ 35 salariés.

Lors de la fusion dans REGAIN 54, elle gérait :
• un CHRS de 80 places dont 38 en hébergement collectif et 42 en hébergement éclaté,
• des activités de réentraînement au travail et d’insertion : ateliers 2nd œuvre du bâtiment et cuisine de collectivités,
• des actions d’insertion pour bénéficiaires du RSA, des actions d’accompagnement social liées au logement (ASLL) et des dispositifs d’aide au logement temporaire (ALT).

Le Gite Familial

Marguerite Vallette, entourée d’une équipe proche du Secours Catholique, fonde en 1975 une association ayant pour objet l’accueil de « femmes momentanément en difficulté », car aucune structure adaptée n’existait dans l’agglomération nancéienne.

Installée au N°5 rue Messier à Nancy, dans une maison louée, l’association le Gîte Familial ouvre un CHRS de 32 places d’hébergement en 1977.

En 1980, elle crée 2 ateliers de réentraînement au travail, afin de rendre « dignité et confiance » aux femmes accueillies.

En 1993, l’association acquiert au N°87 bis avenue du Général Leclerc à Nancy, les bâtiments des religieuses de la Sainte Enfance et y installe l’ensemble de ses activités.

En 1994, ce Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS) prendra le nom de sa fondatrice.

Lors de la fusion dans REGAIN 54, l’association le Gîte Familial employait environ 35 salariés pour gérer :
• un CHRS proposant 65 places en hébergement collectif, éclaté et diffus,
des actions d’accompagnement social lié au logement (ASLL), Médiation Familiale, Réseau d’Ecoute, d’Appui et d’Accompagnement des Parents (REAPP),
• un espace d’accueil et d’accompagnement pour Femmes Victimes de Violences,
• des activités de réentraînement au travail et d’insertion : cuisine, restaurant, blanchisserie, entretien des surfaces et maintenance des bâtiments,
• des actions d’insertion pour bénéficiaires du RSA.